« … blesser quelqu’un involontairement est encore plus grave que de le faire de façon délibérée. »
Ito Ogawa

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

95818389

Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous.

Elisa Shua Dusapin

Elisa SHUA DUSAPIN

Le vieil incendie
Zoe

4 | 140 pages | 10-09-2023 | 16.5€

en stock

Le vieil incendie est une histoire de sœurs, une histoire de retrouvailles : deux sœurs et le silence. Agathe scénariste vit à New York depuis quinze ans. Véra est restée dans la maison familiale en Dordogne. Agathe revient neuf jours en Dordogne pour vider leur maison d’enfance. Enfant, Agathe s’occupait de tout : Véra est en effet aphasique depuis l’âge de six ans alors Agathe faisait tout pour elle, parlait pour elle, presque pensait pour elle puis le silence les a éloignées, protection et dépendance les ont épuisées, Agathe est partie. Elle ne se sont plus revues depuis quinze ans. Aujourd’hui, elles se retrouvent. Comment ce lien va-t-il se traduire dans leur retrouvaille avec le silence de Véra entre elles ? Quelque chose va-t-il se nouer dans cet instant particulier ? Quels souvenirs vont remonter à la surface ? Vont-elles se supporter ? Agathe retrouve une femme alors qu’elle a quitté une enfant et elle observe Véra avec curiosité mais aussi souvent froideur, on a la sensation d'un empêchement. Neuf jours pour se retrouver, pour se quitter, se reconnaître, la tension est palpable, comme à son habitude, Elise Shua Dusapin nous fait ressentir cette tension et les sentiments des sœurs, violents ou pas, par petites touches, leur complixité et leur intensité, une prose clinique, concise et précise.

« ... c'est quand on aime le plus, qu'on dit les choses qu'on pense le moins. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le vieil incendie"

Fiche #3089
Thème(s) : Littérature étrangère


Elisa SHUA DUSAPIN

Vladivostok Circus
Zoe

3 | 174 pages | 17-08-2020 | 16.5€

Nathalie s’installe dans un cirque à Vladivostok pour créer des costumes. Cette femme devenue solitaire et qui ne parle pas la langue du pays va observer et rendre compte de la vie du cirque, apprendre à connaître (voire à devenir leur confidente) les athlètes restés pour préparer un concours international : un numéro de barre russe. Deux personnes supportent une barre sur laquelle un troisième exécute des acrobaties. Ce seront Nino (le plus jeune) et Anton les deux porteurs accompagnés par Anna l’acrobate. Ces trois là n’ont pas de liens particuliers hors de la piste et pourtant leur relation sera puissante. On suit son évolution, sa progression dans un cadre particulier, un entraînement hors norme, éprouvant, répétitif mais toujours accepté. Anna confie en effet sans retenue sa vie aux deux porteurs avec une confiance nécessairement totale, le doute est interdit. Ils recherchent l’exploit, le numéro inédit stupéfiant de beauté en oubliant le risque quand Anna vole follement et avec légèreté au-dessus de la barre, l’enchaînement de quatre sauts périlleux, tension permanente. Leur existence est confinée dans ce cirque avec ses odeurs, le froid, la promiscuité, l’obligation de partager l’espace et d’apprendre à connaître et comprendre l’autre. Avec son style feutré et maîtrisé et la douceur de ses mots, Elisa Shua Dusapin réussit parfaitement à nous plonger au cœur d’une relation d’êtres interdépendants qui exige compréhension et coopération et à nous faire ressentir la tension et le danger permanents qu’ils vivent.

Ecouter la lecture de la première page de "Vladivostok Circus"

Fiche #2577
Thème(s) : Littérature étrangère


Elisa SHUA DUSAPIN

Les billes du Pachinko
Zoe

2 | 140 pages | 04-08-2018 | 15.5€

Le temps d’un été, Claire, 30 ans, rejoint ses grands-parents à Tokyo, immigrés au Japon après la guerre de Corée. Même si pour eux il n’existera toujours qu’une unique Corée, un pays qui n’existe plus, on leur a imposé de choisir, alors venant de Séoul, ils ont choisi la Corée du Sud. Et Claire, sans véritablement connaître leur histoire, est bien décidée à les convaincre de retourner visiter leur pays natal qu’elle ne connaît pas (elle parle le japonais mais pas le coréen). L’atmosphère familiale feutrée mais tendue, entre la grand-mère qui bougonne et le grand-père de retour de sa salle de jeux qui tempère, incite peut-être Claire à s’écarter tout en observant : elle scrute la vie autour d’elle et donne des cours de français à Mieko qu'accompagne sa mère détachée, ailleurs, une gamine japonaise, avec qui des liens se créent au fil des rencontres. Le récit se situe à la croisée des cultures, « Ce n’est pas ma faute, je pense, si je ne raconte rien. Si j’oublie le coréen. Ce n’est pas ma faute si je parle français. C’est pour vous que j’ai appris le japonais. C’est les langues des pays dans lesquels on vit. », au cœur d’une atmosphère particulière qu’Elisa Shua Dusapin fait parfaitement ressentir comme elle sait, par quelques images et quelques mots apaisés, évoquer les sentiments doux ou violents de chacun. Une belle confirmation après « Hiver à Sokcho ».

Ecouter la lecture de la première page de "Les billes du Pachinko"

Fiche #2185
Thème(s) : Littérature étrangère


Elisa SHUA DUSAPIN

Hiver à Sokcho
Zoé

1 | 140 pages | 03-09-2016 | 15.5€

Sokcho, petite ville portuaire de la mer du Japon, proche de la Corée du Nord, semble vivre au ralenti, embuée et embrumée dans l’hiver qui s’installe. Une ambiance feutrée, un peu triste, « Suintant l’hiver et le poisson, Sokcho attendait. Sokcho ne faisait qu’attendre. Les touristes, les bateaux, les hommes, le retour du printemps. », et néanmoins cette impression de sérénité, de tranquillité même si les évènements et les psychologies des personnages sont en opposition avec ces sentiments. Une jeune franco-coréenne accueille un dessinateur de BD français venu chercher l’inspiration. Le roman nous les montre se rapprochant lentement tout en intégrant et mesurant leurs différences marquées, tant au niveau de leur personnalité que culturellement. Elle est restée à Sokcho pour ne pas quitter sa mère, son père étant parti rapidement sans laisser de traces. Ayant appris le Français au lycée, elle connaît la littérature française. Les deux s’observent entre deux dessins et deux plats cuisinés, parlent peu. Ils s’effleurent à peine du regard et pourtant ils sauront rompre la frontière, franchir le mur d’incompréhension qui les séparait. On est dans le ressenti, on sent, on ressent, par petites touches, l’auteur met en place une atmosphère singulière empreinte de douceur et de lenteur et tisse le portrait intime d’une jeune femme aimantée par ce lieu qu'elle ne pourra quitter. Un court roman qui nous emporte pourtant très loin dans les brumes des rêves et la poésie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Hiver à Sokcho"

Fiche #1840
Thème(s) : Littérature étrangère